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NEP Mali : Rapport du cycle 3

 La NEP a été sollicitée par les autorités du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique (MSHP) avec le soutien financier de Children’s Investment Fund Fondation (CIFF) en 2018 pour évaluer l’impact des interventions des différents plans et programmes sur la malnutrition (aigue et chronique) et sur le faible poids à la naissance au Mali.
L’objectif général était d’évaluer l’impact de l’atteinte des cibles des plans en cours de mise en œuvre au Mali en termes de réduction des prévalences de l’émaciation, du retard de croissance, de la proportion du faible poids à la naissance et des taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans en 2018 et en 2023.

Pour atteindre les objectifs de l’évaluation, la méthodologie suivante a été utilisée :

- Cartographie des documents ;
- Extraction des données des documents obtenus ;
- Modélisation avec LiST pour déterminer l’impact de l’atteinte des cibles de couverture des interventions nutritionnelles programmées dans les plans actuellement en vigueur au Mali.

Pour faire les orientations stratégiques, cinq projections (scénarios) ont été construites pour la modélisation dans LiST. Les scénarios 1, 2, 3 et 4 modélisent les interventions nutritionnelles spécifiques qui sont mises en œuvre au Mali et qui peuvent avoir un impact sur le faible poids à la naissance, la malnutrition chronique et aiguë. Ces interventions étaient axées sur la période périconceptuelle et la grossesse. Le scénario 5 comprend en plus des interventions des scenarios précédents, les interventions nutritionnelles spécifiques efficaces qui ne sont pas mises en œuvre au Mali.
Les modélisations ont été faites pour le niveau national et pour la région de Sikasso. Les résultats sont visualisés (générés) dans LiST et exportés sur le logiciel Excel qui a été utilisé pour créer les tableaux et les graphiques.
RÉSULTATS
L’atteinte des cibles des couvertures des plans en vigueur permettrait de réduire : 
-    la proportion du faible poids à la naissance qui passerait de 15,6% en 2014 à 15,2 en 2018 (réduction de 0,4 point de pourcentage) au niveau national et à Sikasso : de 14,3% en 2014 à 13,8% en 2023.
-    la prévalence de l’émaciation de 12,9% en 2014 à 9,5 % en 2018 (réduction de 3,4 points de pourcentage). A Sikasso, elle passerait de 13,6% à 10% en 2023
-    la prévalence du retard de croissance passerait de 37,5% en 2014 à 36,3% en 2018 soit une réduction de 1,2 point de pourcentage et à Sikasso elle passerait de 39,2% en 2014 à 36,9% en 2023.
Ces réductions ne permettraient pas d’atteindre les cibles de malnutrition fixées pour 2018 et 2023 par les plans. Ainsi les scenarios ont été proposés.
-    Si les cibles de la couverture des interventions du scénario 1 et 4 (respectivement SFPN et SGI) sont atteintes entre 2018 et 2023, la proportion du faible poids à la naissance serait réduite au niveau national de 1,1 point de pourcentage « SFPN », de 1,6 « SGI ». A Sikasso elle serait réduite de 0,5 point (SFPN) et de 1 point « SGI ». Malgré l’augmentation de la couverture des interventions des plans, la proportion de 1% attendue en 2021 par le plan nouveau-né ne pourrait pas être atteinte.
-    La prévalence de l’émaciation pourrait être réduite de 6,7 au niveau national et de 5,8 points à Sikasso (scénario 2, 3, 4, respectivement SSO, SMAC, SGO). Le SGI en réduit de 6,8 points au niveau national et 5 ,8 points à Sikasso en 2023. C’est ainsi que la prévalence de 5% qui était attendue en 2018 pourrait être atteinte en 2023.
-    La prévalence du retard de croissance pourrait être réduite en 2023 de 2,3 points au niveau national et de 2,1 point à Sikasso (SSO), le SMAC et SGO en réduisent de 3,6 points au niveau national et de 3,8 points à Sikasso. Le SGI en réduit de 4,8 points au niveau national contre 4,8 points à Sikasso. Malgré ces réductions, la prévalence de 15% qui était attendue en 2018 par les plans ne serait pas atteinte.
DISCUSSION
L’évaluation n’a pas permis de modéliser certaines interventions efficaces spécifiques à la nutrition pour diverses raisons : soit elles n’étaient pas mise en œuvre au Mali, soit il y avait un manque de données de base et de projection, soit elles n’étaient pas prise en compte dans les plans. Par ailleurs LiST ne permet pas d’estimer de nos jours, le nombre de cas évités pour l’émaciation et le faible poids à la naissance. Malgré ces quelques points d’insuffisance, la méthodologie utilisée  a permis d’avoir des résultats intéressants en termes d’impact des interventions sur les types de malnutrition retenus ce qui  pourrait guider les décideurs dans l’amélioration des plans SMNI&N.
La non-atteinte des cibles de prévalence par les plans en 2018 pourrait s’expliquer par : i) la faible couverture des interventions en 2014, ii) la non prise en compte dans les plans des interventions spécifiques pouvant plus impacter sur les différents types de malnutrition, iii) la fixation ambitieuse de la cible à atteindre en 2018, iv) une insuffisance dans l’élaboration des plans, v) la limite de LiST de ne pas pouvoir modéliser certaines interventions de la période périconceptuelle et pendant la grossesse sur le faible poids à la naissance.
Le plan décennal (PDDSS) n’a pas prévu de cible de couverture à atteindre en 2023 pour beaucoup d’interventions et pour nos trois indicateurs de malnutrition ce qui rend difficile l’appréciation de l’impact attendu des interventions. L’analyse des résultats a montré qu’aucun des scénarios n’a pu réduire la prévalence du retard de croissance jusqu’à la cible de 15% en 2023 au niveau national et à Sikasso.
MESSAGES CLES
-    L’atteinte des cibles de couverture des interventions des plans mis en œuvre au Mali entraine une réduction de prévalence des différents types de malnutrition étudiés mais ces réductions n’ont pas permis d’atteindre les cibles attendues en 2018 au niveau national.
-    Le meilleur suivi de l’atteinte des objectifs des plans et programmes est subordonné à une bonne détermination des cibles chiffrées de la couverture des interventions et de l’impact attendu lors de l’élaboration des plans quinquennaux et décennaux.
-    La réduction des cas de FPN reste très lente ce qui nécessite de renforcer les interventions spécifiques en intégrant à notre paquet d’activités, celles qui ont fait leur preuve ailleurs.
-    L’atteinte de la cible de l’émaciation à 5% en 2023 nécessite une augmentation de la couverture des interventions déjà en cours au Mali.
-    L’atteinte de la cible de RC à 15% en 2023 nécessite non seulement une augmentation de la couverture des interventions déjà en cours au Mali mais aussi il faut une intensification des interventions d’autres secteurs en plus de la Santé et du WASH.
CONCLUSION
L’évaluation a révélé que l’atteinte des cibles de couverture des interventions prévues dans les plans en vigueur entraine une réduction des prévalences des différents types de malnutrition, mais les cibles de prévalence attendues en 2018 et 2023. Face à ces résultats, l’évaluation a élaboré cinq scénarios (SFPN, SSO, SMAC, SGO et SGI) afin de proposer une meilleure stratégie pouvant atteindre les cibles de malnutrition (émaciation et retard de croissance) et le faible poids à la naissance fixée dans les plans durant la période 2019-2023. Ces scénarios ne permettent pas d’atteindre les cibles fixées en 2023 pour le faible poids à la naissance et le retard de croissance, cela sous-entend que leur détermination a été ambitieuse et la révision des futurs plans doit en tenir compte pour proposer des cibles réalistes.

Dernière modification lelundi, 14 octobre 2019 17:05
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