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Discours du Dr Luis G. SAMBO, Directeur Régional de l’OMS de l’Afrique (version française)

- Excellence, Monsieur Amadou Toumani TOURE, Président de la République du Mali,
- Mesdames, Messieurs, les membres du gouvernement du Mali,
- Mesdames, Messieurs, les Représentants des Institutions de l’Etats Malien,
- Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres et Représentants des pays participants,
- Chers Représentants des Institutions de recherche et développent,
- Chers Partenaires au développement de la santé,
- Membres de la communauté scientifique ici présents,
- Distingue invités,
- Chers participants,
- Chers collègues,
- Mesdames et Messieurs,

Tout d’abord, permettez-moi de remercier le Gouvernement malien qui est l’hôte de ce forum ministériel mondial. Ces prochains jours, vous profiterez de l’élan imprimé à la recherche en santé au cours des réunions antérieures qui ont eu lieu à Bangkok et à Mexico, en lui donnant une orientation novelle.

Je tiens aussi à rendre hommage à l’énorme travail accompli pour préparer ce forum, notamment tout ce qui a été fait dans les cinq réunions régionales.

L’appel à l’Action de Bamako est un résultat de la réunion que tout le monde attend avec impatience. Il est à mon sens très judicieux que cet Appel à l’Action voue une attention particulière aux besoins pressants de l’Afrique en matière de santé et à la capacité que doit avoir la recherche de répondre à ces besoins.

Il est également approprié à mon avis que ce forum de haut niveau visant à renforcer la recherche pour la santé, le développement et l’équité se tienne au Mali – un pays confronté à des problèmes de santé pressants, dont beaucoup sont liés à la pauvreté ou l’accentuent.

Mais le Mali dispose d’un atout, Monsieur le Président : il s’agit de sa politique qui fait de l’accès équitable aux soins de santé une ambition nationale à laquelle vient s’ajouter une forte demande de la base pour des soins de qualité et de proximité. J’estime que la décision prise pendant les années 90 de relancer les soins de santé primaires à mis sur la bonne voie les efforts Maliens en faveur de soins de santé équitables.

Cette année, le Rapport sur la santé dans le monde consacré aux soins de santé primaires présente des éléments à l’appui d’une conclusion particulièrement pertinente, à savoir que la satisfaction des attentes croissantes en matière de santé constitue une marqueur d’une bonne administration et une bonne direction à suivre pour parvenir à la stabilité et à la prospérité.

Le Rapport 2008 sur la santé dans le monde mentionne expressément les progrès du Mali en vue de la couverture universelle en matière de santé comme un exemple de ce qu’il est possible de faire avec une politique fondée sur la participation de la communauté, et en particulier des femmes, et utilisant la santé comme point d’entrée d’un développement communautaire plus large.

Avant tout, la politique malienne de santé a bénéficié d’une orientation bien déterminée, constamment adaptée grâce aux éléments  issus de nombreuses évaluations intérieures et extérieures, études pilotes et projets de recherche.
Voilà ce qui est nécessaire pour le développement de la santé et l’équité-partout. 

Mesdames et Messieurs,

J’en viendrai tout de suite au fait. Nous avons besoin de la recherche en santé dans les domaines voulus, et cela maintenant plus que jamais.

Nous sommes au cœur de l’effort le plus ambitieux jamais consenti pour atténuer la pauvreté, diffuser les bénéfices de la science et des innovations technologiques et réduire les fossés considérables en matière de résultats sanitaires.

Nous sommes tous conscient de la crise alimentaire mondiale, de la crise financière internationale, de la crise énergétique ainsi que le changement climatique qui a déjà commencé à savoir des effets néfastes sur les vies humaines. Toutes ces crises ont des causes mondiales et des conséquences mondiales qui affectent la santé de manière profonde, et de manière profondément inéquitable.

Nous avons déjà été confrontés à ce type de situation. La crise pétrolière, la récession mondiale et la crise de la dette qui ont suivi la Déclaration d’Alma-Ata il y a 30 ans ont abouti à des programmes d’ajustement structurel qui ont conduit à une réduction des montants budgétaire alloués aux secteurs sociaux, et notamment à la santé. Les soins de santé dans de grandes parties de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique Latine subissent encore les conséquences de ces erreurs.

Je suis fermement convaincue que le secteur de la santé est mieux placé aujourd’hui pour faire face aux crises actuelles. Le secteur de la santé n’est pas un frêle esquif ballotté en haute mer, à la merci de vents et de courants que nous ne contrôlons pas.

La recherche nous donne les moyens dynamiques de surmonter ces forces. Nous disposons de la méthode scientifique grâce à laquelle nous avons réuni des bases factuelles, des arguments, des instruments et des technologies qui doivent nous permettre de surmonter les problèmes de santé existants et émergeants. Mais comme je l’ai dit, nous avons besoin maintenant plus que jamais d’autres recherches dans les domaines voulus.

Mesdames et Messieurs,

Depuis le début du siècle, l’OMS et ses Etats Membres ont pu se prévaloir des rapports de trois commissions de haut niveau.

En 2001, la Commission Macroéconomie et Santé a reformulé l’importance économique du développement sanitaire. La santé n’est pas qu’un fardeau pour les ressources économiques. Elle est aussi un facteur de recettes économiques. Grâce à ce rapport, les longs efforts pour faire de la santé une priorité internationale ont porté leurs fruits.

En 2006, la Commission sur les Droits de Propriété intellectuelle, l’Innovation et la Santé publique a reformulé les responsabilités dans le secteur de la santé. La santé se doit d’aborder certains problèmes, même ceux liés à des intérêts commerciaux et aux forces du marché, lorsqu’ils affectent l’accès aux médicaments essentiels et influencent les produits de la recherche-développement.

En matière de santé, l’accès équitable aux soins est vraiment une question de vie ou de mort.
Lorsqu’il s’agit d’équité, le secteur de la santé doit prendre les devants, même si cela implique une intervention dans des domaines qui dépassent normalement le cadre de la santé publique.

En août 2008, la Commission des Déterminants sociaux de la Santé a reformulé l’engagement du secteur de la santé. Les larges fossés en matière de résultats sanitaires constituent sa principale préoccupation et son objectif est d’améliorer l’équité.

Comme le soutient le rapport, des factures relevant de l’environnement social-come la pauvreté, le logement, l’emploi et les occasions offerts en matière d’éducation, - sont les véritables causes profondes des problèmes de santé.

Le rapport invite les gouvernements à faire des résultats sanitaires équitables un objectif politique explicite de toute politique de développement. Ce sont les décisions politiques qui conditionnent en dernier ressort la gestion de l’économie et l’organisation des sociétés et qui déterminent si les groupes vulnérables et défavorisés bénéficient d’une protection sociale.

Les fossés en matière de résultats sanitaires ne sont pas le fait du destin, mais des marques d’un échec politique.

Mesdames et Messieurs,

En l’espace de sept ans à peine, nous avons pu générer les bases factuelles qui ont permis de montrer l’importance économique, les responsabilités et l’engagement du secteur de la santé dans le processus de développement.

Des trois commissions, celle des déterminants de la santé présente le défi le plus important du point de vue de la santé publique et de la recherche sur les systèmes. On peut également dire que c’est elle qui offre les meilleures perspectives.

Certes, le défit est énorme. Il s’agit d’amener les responsables politiques à inclure la santé dans la politique de tous les ministères et départements. C’est là la meilleure voie vers l’équité et la meilleure chance d’éviter les causes de problèmes de santé à la source.

Mais soyons francs. Dans la plupart des pays, un appel à l’équité en matière de santé ne suffira pas pour assurer un engagement politique de haut niveau. Cela ne suffira pas pour convaincre les autres secteurs de tenir compte des effets sanitaires dans toutes leurs politiques. Il nous faut des bases facturelles dans les domaines voulus.

Cela n’est pas facile, mais on peut y arriver. Laissez-moi vous donner deux exemples.
Premièrement, cette année, l’Assemblée mondiale de la santé a adopté une résolution sur la santé publique, l’innovation et la propriété intellectuelle. La résolution qui est liée à la Commission de 2006 démontre que des accords internationaux touchant le système commercial mondial peuvent effectivement être établis d’une manière favorable  à la santé.

Deuxièmement, la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac nous donne un deuxième exemple. Tout est parti d’un ensemble impressionnant d’éléments scientifiques et médicaux sur les méfaits du tabagisme.

Mais même ces éléments n’ont pas suffi pour déboucher sur une action politique de haut niveau. Il a fallu avoir recours à des éléments provenant d’une série d’autres secteurs tels que les ministères des finances, du commerce et de l’agriculture pour convaincre un large éventail d’acteurs économiques : des bars, des restaurants, jusqu’aux compagnies aériennes pour arrêter de fumer dans les lieux publiques.

L’application de la convention dépasse de loin le domaine de la Santé. Des mesures telles que les augmentation d’impôts, les interdictions de faire de la publicité et de fumer dans les lieux publics, les mises en garde sur les paquets et les limites sur les ventes doivent bénéficier du soutien de nombreux ministères et s’appuyer sur des lois et sur l’application de ses lois

Mesdames et Messieurs,

Il y a de nombreuses raisons pour faire avancer d’urgence le programme de recherche en santé.

Il faut que la santé soit prise en compte dans toutes les politiques et il faut pour cela que nous puissions nous fonder sur les résultats de la recherche. Nous avons besoins de la recherche opérationnelle pour contribuer à donner aux interventions actuelles plus d’impact.

Et surtout, nous avons besoin de la recherche pour persuader le monde entier que l’investissement en faveur de la santé doit continuer de représenter l’une des solutions les plus sûres qui a déjà fait ses preuves pour arriver à une société mondiale stable et prospère.

Voilà le défi qui nous attend, mais c’est aussi une tâche qui ouvre des perspectives très prometteuses. Je vous souhaite une réunion très productive.

Je vous remercie.
 

 

Dernière modification lemardi, 11 novembre 2014 00:06
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